Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/191

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auraient à courir ; ils préféraient tout à l’incertitude à laquelle ils étaient en proie.

Ils réglèrent leur compte avec l’aubergiste chez lequel ils laissèrent leurs chevaux qu’ils se proposaient d’envoyer prendre plus tard, et ils se couchèrent, résolus à partir le lendemain matin, à l’aube.

Ce fut en vain que l’aubergiste, qui était un brave et digne homme, leur fit observer qu’ils étaient étrangers, qu’ils s’exposaient à des dangers presque inévitables, sans aucune chance de succès.

Ils restèrent sourds à toutes les remontrances, et le lendemain matin, après avoir mangé un morceau de pain et bu un verre d’eau-de-vie, ils firent leurs adieux à l’aubergiste et partirent.

Il était sept heures du matin ; un brouillard intense couvrait la ville comme un gris linceul ; à deux pas devant soi, on ne distinguait rien.

Cependant, malgré l’heure peu avancée, une grande fermentation semblait régner dans la ville.

Les bruits les plus sinistres couraient dans la foule pressée dans les rues.

Un instant, les deux jeunes gens eurent la pensée de retourner à l’auberge ; mais déjà il était trop tard ; tout à coup de grands cris se firent entendre, cris de douleur et d’épouvante.

Des coups de feu éclatèrent ; un remous terrible s’opéra dans la foule, et chacun chercha son salut dans la fuite.

Les soldats entraient dans Z… et commençaient une terrible chasse à l’homme, tirant au hasard, et fouillant la foule avec leurs balles et les sabres des cavaliers.

Julian et Bernardo suivirent l’impulsion donnée et s’enfuirent avec les autres.

Bientôt ils se trouvèrent en pleine campagne, suivis et précédés par une quinzaine d’habitants affolés de terreur, et qui se sauvaient sans même savoir où ils allaient.

De temps en temps, ils entendaient un coup de feu, et un homme tombait près d’eux.