Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/228

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Ils passaient pour être fort doux de caractère ; mais, sur un signe ou un mot de leur maître, homme ou fauve, l’ennemi désigné aurait été immédiatement étranglé.

Le chien se nommait Bonhomme et la chienne Sahourah.

Le Canadien adorait ces magnifiques animaux ; il ne les aurait pas vendus, même pour mille dollars.

— Eh bien ! les chiens, qu’y a-t-il donc ? demanda Laframboise.

Les deux animaux remuèrent la queue, tournèrent la tête, puis ils se mirent à souffler pendant quelques instants sous la porte, bâillèrent, grondèrent doucement, et vinrent ensuite se coucher majestueusement aux pieds de leur maître, mais sans perdre la porte de vue.

— Les chiens ont entendu quelque chose, dit l’hôtelier.

— Des coyotes qui rôdent aux environs ; sans doute, dit Main-de-Fer.

— Non, ils ne se seraient pas dérangés pour si peu ; ce sont des rôdeurs à deux pieds qu’ils ont éventés et non des fauves à quatre pattes ; leur instinct ne les trompe jamais ; je connais leur manière de gronder. N’est-ce pas, Bonhomme, mon garçon, que tu as senti des hommes ?

Le chien tourna la tête, regarda fixement son maître de ses yeux flamboyants, et remua doucement la queue.

— Il est impossible de répondre plus clairement, dit Main-de-Fer.

Presque au même instant, les chiens bondirent vers la porte et se mirent à aboyer avec fureur.

— Silence ! et ici tout de suite ! s’écria le Canadien.

Les chiens obéirent et allèrent, la queue basse, se coucher derrière le comptoir où il disparurent.

— Définitivement, il y a quelque chose, grommela le Canadien.

Les trois hommes prêtèrent attentivement l’oreille.

Ils n’entendirent rien.

Quelques minutes s’écoulèrent ainsi.

— Il faut voir ! dit péremptoirement Cœur-Sombre.