Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/232

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Cependant les inconnus, groupés à une courte distance de la cabane, chuchotaient toujours.

— À quoi bon discuter plus longtemps, caballeros ? s’écria tout à coup une voix haute et ferme ; à cinquante millet aux alentours, nous ne trouverons pas un endroit plus propice et plus sûr pour ce que nous voulons faire.

— Sans compter, dit une voix railleuse, que, dès que nous serons entrés, nous pourrons nous désaltérer tout à notre aise.

— Le fait est, dit une troisième voix, que les liquides ne manquent pas dans cette bicoque.

— Et ils sont bons ! s’écrièrent plusieurs voix ensemble.

— Raison de plus pour ne pas aller plus loin, reprit la première voix.

— Le Canadien doit dormir ; il n’ouvrira pas sa porte à cette heure de nuit, objecta quelqu’un.

— Bon ! reprit un autre ; que nous importe ! nous saurons l’ouvrir.

— Compagnons, prenez garde à ce que vous allez faire, dit une voix nouvelle. Le Canadien a acheté la franchise ; il a payé sans discussion le prix qui lui a été demandé ; nous ne devons pas ainsi manquer à nos engagements envers lui, ce serait nous déshonorer.

— Bon ! fit un autre en ricanant ; nous sommes des voyageurs paisibles qui réclamons un abri ; c’est notre droit.

— Oui, oui ! c’est notre droit ! crièrent les autres.

— D’ailleurs, reprit le premier interlocuteur, de quoi se plaindrait-il ? Tout ce que nous prendrons ou casserons chez lui, à commencer par sa grosse tête canadienne, nous le payerons généreusement, nous sommes des caballeros, por el rayo de Dios !

— C’est cela ! c’est cela ! s’écrièrent un grand nombre de voix, entrons ! entrons !

— Oui, entrons, d’autant plus, je vous le répète, qu’à cinquante milles aux alentours nous ne trouverons pas un lieu aussi propice que celui-ci, reprit la première voix.