Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ainsi à l’œuvre et vivement, nous n’avons déjà perdu que trop de temps.

Le silence se rétablit de nouveau au dehors.

Puis on entendit des pas pressés se dirigeant vers l’auberge.

La distance n’était pas grande.

En moins de deux ou trois minutes elle fut franchie.

— Je ne vois pas une seule lumière ! dit une voix. Tous dorment, sans doute.

— S’ils dorment, ils se réveilleront ! répondit la voix forte et accentuée qui précédemment avait parlé d’un ton de commandement. Frappe ferme avec la crosse de ton rifle ! Ils ont peut-être le sommeil dur…

— C’est la voix du Mayor ! glissa le Canadien à l’oreille du chasseur.

Celui-ci lui répondit, après quelques secondes de réflexion :

— Tout bien pesé, mieux vaut ouvrir de bonne volonté, de peur d’y être contraint par la force.

L’hôtelier ne put s’empêcher de témoigner sa surprise par un cri étouffé.

Cœur-Sombre lui dit quelques mots à voix basse.

— Ainsi, vous l’exigez ? répondit le Canadien.

— C’est le seul moyen de les mettre dans leur tort. Faites, je réponds de tout, dit gaiement Main-de-Fer.

— C’est singulier, murmura Cœur-Sombre, il me semble reconnaître cette voix : ce n’est pas la première fois qu’elle frappe mon oreille.

— Je faisais la même réflexion, dit Main-de-Fer.

L’échange de ces quelques mots n’avait duré que l’espace de deux ou trois minutes ; pendant ce temps, le Canadien avait retiré les lampes allumées de l’armoire, où il les avait renfermées.

Cela fait, les trois hommes s’étaient remis à table comme s’ils achevaient de souper.

Pendant une seconde, le visage effrayé de la femme de l’aubergiste avait apparu à l’entrebâillement d’une porte.