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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/235

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lez vous reculer de quelques pas, s’il vous plaît ; il est bon de prendre ses précautions ; on ne sait pas ce qui peut arriver.

— Je veux bien consentir à ce que tu demandes, mais fais vite, sinon…

— Ah ! pas de menaces, ou je n’ouvre ni portes ni fenêtres !

On entendit le pas de plusieurs hommes qui s’éloignaient.

— Ouvriras-tu, maintenant ? reprit le Mayor.

Le Canadien ne répondit pas.

Il était occupé à lever sans bruit les barres d’une fenêtre.

Les deux chasseurs s’étaient embusqués à droite et à gauche.

Les chiens se tenaient en arrêt à quelques pas en arrière.

— Voilà ! cria la Framboise en entr’ouvrant vivement une fenêtre.

Non moins vivement, quatre vigoureux gaillards, accroupis au pied du mur, bondirent dans la salle en repoussant si brutalement le Canadien, que celui-ci fut presque renversé.

— Pille ! pille ! cria-t-il.

On entendit, pendant quelques secondes, le bruit d’une lutte acharnée, mêlée à des grondements, des blasphèmes et des cris de douleur.

— Lâchez ! lâchez ! nous les tenons ! criait l’hôtelier. Là ! voilà qui est fait.

Et, couchant en joue le Mayor, debout à quelques pas, le Canadien, qui n’avait pas quitté la fenêtre, restée ouverte, cria avec colère :

— Vive Dieu ! vous vous êtes conduits comme un traître et un bandit, Mayor ; je ne sais qui me retient de vous loger une balle dans la tête !

— N’en fais rien, la Sanguësa — la Framboise — répondit en riant le Mayor ; ce sont des entêtés qui m’ont désobéi. Sont-ils morts ?