Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/245

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Mais ils ont conservé une terreur superstitieuse des armes à feu ; ils ne souffrent pas d’être frappés de loin, autrement que par le lasso ou la reata.

La vue d’un pistolet dirigé contre eux suffit pour les mettre en fuite, fussent-ils dix contre un.

Ce fait bizarre est trop bien établi pour que nous insistions davantage.

Ils étaient trente, armés jusqu’aux dents, de fusils, pistolets, lances, machetes, navajas, etc., etc., devant eux, il n’y avait que cinq hommes.

Mais cinq hommes résolus, disposant de soixante coups de revolver au moins, sans parler des rifles et des revolvers de rechange ; de plus, les bandits étaient convaincus que de nombreux partisans, cachés dans l’auberge, n’attendaient qu’un signal pour paraître.

Et puis, raison péremptoire et qui décidait la question contre eux, ils n’avaient plus de chefs.

Cœur-Sombre savait tout cela, il connaissait de longue date les hommes auxquels il avait affaire ; il savait comment les prendre.

Sans leur laisser le temps de réfléchir, il s’approcha d’eux, et, d’une voix tonnante :

— Bas les armes, mes maîtres ! cria-t-il ; vous n’êtes pas les plus forts. Ne m’obligez pas à vous le prouver.

— Si nous nous rendons, serons-nous libres de nous retirer où bon nous semblera ? demanda un des bandits au nom de tous.

— Oui, parce que ni meurtres ni vols n’ont été commis encore ; vous conserverez vos chevaux avec les harnais, la reata et le sac à la médecine ; vous emporterez vos navajas ; mais toutes les autres armes, lances, machetes, fusils, rifles, pistolets et revolvers, doivent immédiatement être abandonnés ici. Vous avez cinq minutes pour obéir.

— Les cinq minutes sont inutiles, dit le bandit qui déjà avait parlé, et il jeta ses armes.

— C’est bien, reprit le chasseur, partez, hâtez-vous et