Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/246

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prenez garde de ne pas retomber dans nos mains, vous n’en seriez pas quittes à aussi bon marché.

Le bandit sortit, et bientôt on l’entendit s’éloigner au galop.

Un par un tous les bandits sortirent de l’auberge après avoir jeté leurs armes.

Ils montèrent à cheval et s’éloignèrent dans des directions différentes.

Un quart d’heure plus tard, la clairière était déserte.

Il ne restait plus dans l’auberge que le Canadien, les deux chasseurs, l’alcade et sa famille.

Puis, le Mayor et Calaveras fortement garrottés.

Les Mexicains s’étaient éloignés sans même songer à s’inquiéter de leur chef, qu’ils redoutaient fort mais qu’ils haïssaient cordialement.

Ils l’avaient donc abandonné sans le moindre remords et avec la plus entière indifférence.

— Caballero, dit Cœur-Sombre au Mayor, je ne vous fais pas l’injure de supposer que vous avez cru un instant à mes cinquante partisans, vous voyez ici toute ma troupe.

Le Mayor eut un frémissement de rage.

Il grinça des dents, frappa du pied avec colère, mais il ne prononça pas un mot.

Dans une heure, vous serez libre, continua Cœur-Sombre je vous connais, je sais que vous essayerez de vous venger, mais je vous ai arraché les griffes, je ne vous crains pas.

— Tuez-moi, je suis entre vos mains, répondit le bandit les dents serrées.

Cœur-Sombre hocha la tête avec tristesse.

— Je ne me venge pas, je vous châtie, répondit-il avec un accent glacé. La punition que je vous réserve est mille fois pire qu’une mort immédiate ; mais elle renferme une chance de salut, bien faible à la vérité. Voilà pourquoi c est un châtiment. Je vous abandonne à la justice divine ; seule, elle peut vous condamner ou vous absoudre, car vos crimes dépassent tout ce que les instincts monstrueux des