Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/255

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— Allons, reprit-il, il faut en finir c’est trop tarder.

En ce moment le feu lança une flamme brillante, qui, pendant quelques instants, illumina toute la salle.

Felitz Oyandi saisit le poignard de la main droite, pencha le corps en avant, et s’avança à pas de loup vers la cheminée.

Un grondement sourd se fit entendre.

L’assassin s’arrêta, hésitant, et regarda anxieusement autour de lui.

Les nobles animaux lui donnaient un avertissement suprême !

Sa haine l’aveuglait.

Il ne vit et n’entendit rien.

Le silence le plus profond régnait de nouveau.

Le bandit, bien qu’il fût en proie à une terreur superstitieuse, essaya de se rassurer lui-même ; et comme rien de suspect ne s’offrait à ses regards, il y réussit assez facilement.

— Est-ce que je deviens fou ? murmura-t-il avec un ricanement railleur, en essuyant la sueur qui, malgré le froid, inondait son visage ; idiot que je suis ! ajouta-t-il après un instant, c’est ce chasseur ; me laisserai-je donc effrayer par les ronflements d’un homme endormi ? Caraï ! ce serait plaisant !

Il rit avec amertume, brandit son poignard d’un air de menace, et se ramassant sur lui-même, comme un jaguar aux aguets, il s’élança en avant, l’arme haute.

Mais alors il se passa une chose terrible, inouïe, incompréhensible, et capable de terrifier l’homme le plus brave.

Un grondement bref, strident, retentit tout à coup ; deux masses sombres, énormes, bondirent à travers l’espace de deux points opposés, et s’abattirent avec une force irrésistible sur le misérable, glacé d’épouvante, qui, du choc, roula sur le sol en laissant échapper son poignard.

Cependant il essaya machinalement une défense désespérée, mais impossible.