Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/256

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Ses deux terribles adversaires s’acharnaient contre lui, et, tout en continuant leurs grondements sinistres, ils le mordaient et le déchiraient à pleine gueule.

La lutte se continua pendant quelques instants, silencieuse et acharnée.

Le bandit comprenait combien il était important pour lui de ne pas donner l’éveil.

Tout en se défendant du mieux qu’il pouvait contre ses redoutables adversaires, dont il avait reconnu l’espèce, il essayait de ressaisir son poignard ou de se rapprocher du monceau d’armes.

Mais les chiens ne lui laissaient pas de relâche.

Ils redoublaient de fureur contre lui.

Ils avaient goûté du sang, leur naturel féroce commençait à reprendre le dessus.

Enfin, la lutte prit bientôt des proportions si horribles, que, succombant à la douleur et se sentant perdu, il poussa un effroyable cri d’agonie, en même temps qu’il appelait au secours d’une voix lamentable.

Il était temps que le secours réclamé par le misérable arrivât.

Quelques minutes encore et les molosses auraient accompli leur effroyable besogne, en ne laissant de lui qu’un cadavre horriblement mutilé.

Ils le dévoraient tout vivant.

— Braves bêtes, hein ? s’écria le Canadien avec orgueil ; ils vous ont sauvé, Cœur-Sombre.

— Oui, répondit le chasseur, en flattant amicalement les molosses, tout joyeux de se voir ainsi remerciés ; mais voyons en quel état est ce drôle ?

— Je le crois bien malade, dit don Cristoval.

— Il n’a que ce qu’il mérite, appuya don Pancho avec ressentiment. C’est un lâche assassin !

— C’est vrai, mais le châtiment qu’il a reçu est rude, trop rude peut-être, reprit le chasseur avec mélancolie. Voyons ce que nous pouvons faire pour lui ; il ne doit plus maintenant inspirer que la pitié.