Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/262

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maintenant, dans l’état où il est, ce serait de la barbarie. Il a été rudement châtié ; mieux vaut lui laisser cette chance de salut. Gardez-le ici, La Framboise ; vous avez assez de connaissances en médecine pour le soigner et le remettre sur ses jambes. D’ailleurs, il ne manque pas d’argent, et il vous payera ce que vous lui demanderez.

— Mais quand il sera guéri ?

— Eh bien, quand il sera guéri ?

— Oui, que ferai-je de lui ?

— Rien du tout ; vous le laisserez aller où il lui plaira. Soyez tranquille, c’est un papillon de nuit, il ne manquera pas les occasions de se brûler à la chandelle.

— Oh ! quant à cela, je m’en moque ; je ne m’intéresse pas à lui le moins du monde.

— Maintenant, servez à déjeuner à mon compagnon et à moi, nous sommes pressés.

— Dans dix minutes, le déjeuner sera prêt. Que ferai-je de toutes ces armes ?

— Ce qu’il vous plaira. Je vous les donne. Je vous autorise à dire, si l’on vous interroge, que je les ai brisées et brûlées.

— Merci, Cœur-Sombre, je les garderai soigneusement ; on ne sait pas ce qui peut arriver.

— Peut-être aurez-vous raison. Hâtez le déjeuner.

— J’y vais.

Et il sortit.

— Ainsi vous partez, seigneur Cœur-Sombre ? dit alors don Cristoval.

— Vous le voyez, seigneur. Une affaire importante m’oblige à quitter cette auberge au plus vite.

— Serait-il indiscret de vous demander dans quelle direction vous comptez vous diriger ?

— Nullement, senor, d’autant plus que je me proposais de vous offrir mon escorte et celle de mon compagnon, pendant une partie de votre voyage. Je me dirige vers la frontière mexicaine, du côté de l’Arizona.

— Je ne sais véritablement, senor, comment je m’acquitterai jamais envers vous, après le service immense