Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/263

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que vous avez rendu à ma famille et à moi, et celui que vous allez nous rendre encore. Avec une femme et un enfant, j’ignore vraiment comment j’aurais fait, seul au milieu de ce désert.

— Bon ! ne parlons pas de cela, don Cristoval. Je vous rends service aujourd’hui, demain peut-être ce sera à votre tour de m’obliger, une bonne action porte avec soi sa récompense. Il faut bien que de temps en temps il se rencontre d’honnêtes gens au désert, fit-il en riant, sans cela il serait inhabitable ; serrons-nous la main, soyons amis.

— Oh ! de grand cœur, interrompirent le père et le fils avec élan en lui tendant la main.

— À la bonne heure ! me voilà payé, dit-il gaiement en leur pressant les mains. Voici notre ami La Framboise qui apporte le déjeuner ; la senora et sa charmante fille le suivent. Mettons-nous à table afin de partir au plus vite ; nous avons une longue traite à faire.

Dona Mercedès de Cardenas, la charmante enfant, se jeta joyeusement dans les bras du chasseur en le remerciant avec une effusion touchante. Sa mère, dona Luisa de Cardenas, adressa, elle aussi, de chaleureux remercîments au Cœur-Sombre, puis on se mit à table.

— Aviez-vous des chevaux ? demanda le chasseur.

— Nous en avions trois, répondit don Cristoval.

— Ils sont à l’écurie, dit le Canadien, avec celui du Mayor, qui est une bête magnifique, et celui du senor Calaveras.

— Donnez la provende aux trois chevaux, ainsi qu’à celui du Mayor et aux nôtres.

Au moment de partir, Cœur-Sombre se chargea de payer pour tous.

— Je vous laisse faire, dit don Cristoval avec un rire un peu forcé ; les bandits ne m’ont pas laissé un ochavo ; nous réglerons plus tard.

— Que cela ne vous inquiète pas, caballero. La Framboise, mon ami, ajouta-t-il en s’adressant au Canadien voici deux onces d’or, est-ce assez ?