Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/271

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portable, un des guerriers, après avoir soigneusement exploré le terrain sur lequel on se trouvait, commanda la halte.

On était alors dans un endroit des mieux choisis pour y camper.

C’était une large clairière, dans un bois fort touffu, et traversée par un clair ruisseau, dont les eaux cristallines s’enfuyaient, en jasant sur un lit de cailloux, sous les nénuphars et les glaïeuls.

Ce ruisseau sortait ou du moins semblait sourdre à travers les nombreuses fissures d’un immense chaos de rochers entassés sans ordre apparent et formant une petite colline aux pentes abruptes et couvertes de lichens et de pariétaires.

Dès que la halte avait été décidée, les peones s’étaient empressés de dresser une tente de coutil, rayé bleu et blanc, pour abriter les voyageurs.

De leur côté, les chasseurs avaient, à une distance respectueuse de la tente, allumé un grand feu, destiné à faire cuire leur second repas du matin.

Quant aux guerriers comanches, ils s’étaient contentés d’entraver leurs chevaux, de leur ôter le mors, et d’étaler devant eux, sur un zarapé, leur provende de maïs et de pois grimpants.

Puis ils avaient retiré quelques vivres grossiers de leur sac à la médecine, s’étaient accroupis sur l’herbe et avaient commencé silencieusement leur déjeuner.

Les chasseurs, sauf les préparatifs plus compliqués de leur repas, avaient à peu près agi de même.

Seulement, ils avaient placé une sentinelle destinée à veiller au salut général.

Dans certaines parties du Mexique, ainsi que dans l’Apacheria ou territoire indien, la chaleur prend une intensité telle de onze heures du matin à trois heures de l’après-dîner, que ce serait s’exposer à de sérieux dangers, et même à la mort bien souvent, que de braver les rayons incandescents du soleil.

De la lave en ébullition semble tomber du ciel.