Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/272

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La terre elle-même, pâmée de chaleur, se gerce, se fend, et devient si brûlante, que le pied, même fortement chaussé, ne peut s’y appuyer.

Les Mexicains des villes, pendant ces cinq heures, ferment portes et fenêtres, abandonnent tout commerce, et se retirent au fond de leurs appartements, où ils font la siesta, c’est-à-dire où ils dorment.

Les villes deviennent alors de vastes solitudes.

Aucun bruit ne se fait entendre, aucun mouvement ne se révèle ; la vie de toute la population est comme suspendue subitement.

On se croirait dans ces cités des mille et une nuits qu’un méchant enchanteur a frappées de sa baguette, et changées temporairement en nécropoles fantastiques.

Au désert, les chasseurs et les voyageurs font halte, sous le couvert, au bord des ruisseaux ou des rivières pour trouver un peu d’ombre et de fraîcheur.

Ils attendent sous ces abris que le soleil soit descendu et ait accompli les deux tiers de sa course avant de reprendre leur marche.

Bientôt tous les membres de la petite troupe furent endormis, sauf la sentinelle, couchée au milieu d’un buisson et qui, du regard, interrogeait la solitude, tandis que son oreille, ouverte à tous les bruits de la savane, les analysait pour s’en rendre compte et s’assurer qu’ils étaient naturels et ne refermaient aucune menace de danger.

Sous la tente, la dame, après avoir mangé du bout des lèvres quelques friandes conserves que lui avait présentées sa camériste, s’était, ainsi que celle-ci, laissée aller au sommeil.

Le jeune homme avait semblé les imiter.

Mais, dès que le souffle régulier de leur respiration lui avait révélé la réalité de leur sommeil, il avait ouvert les yeux, s’était levé, avait jeté sa carabine en bandoulière, s’était dirigé à pas de loup vers le rideau de la tente, l’avait soulevé, s’était glissé dans l’interstice, et avait laissé doucement le rideau retomber derrière lui.

Et, suivi pas à pas par un magnifique molosse, haut