Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

V

COMMENT ARMAND PRÉSENTA SA SINGULIÈRE TROUVAILLE À SA MÈRE ET CE QUI S’ENSUIVIT.


Vanda était une enfant.

Elle avait neuf ans à peine.

Chez elle, toutes les sensations étaient vives, rapides, mais s’effaçaient presque aussitôt, pour faire place à d’autres, tout aussi profondes en apparence.

Heureuse d’avoir trouvé un compagnon, de ne plus être seule et d’avoir quelqu’un avec qui rire, causer, jouer et même pleurer, à l’occasion, elle ne voyait pas au-delà.

Cependant elle paraissait avoir conservé un profond et touchant souvenir de sa mère, dont elle ne parlait que les larmes aux yeux.

Quant à son père, elle en parlait beaucoup moins et presque avec indifférence, bien que parfois un éclair de sensibilité jaillît de son grand œil bleu, quand elle disait quelques mots se rapportant à lui.

Il était évident que, pour une raison ou pour une autre, l’enfant connaissait peu son père.

Sans doute cet homme était un chasseur, peut-être un gambucino, ou un chercheur d’or contraint, par le genre même de ses occupations, de s’absenter souvent de sa maison, où il ne revenait qu’à de longs intervalles, pour n’y passer que quelques jours et parfois même quelques heures seulement.

Du reste, Armand de Valenfleurs était trop enfant lui-même, et avait encore trop peu de suite dans les idées pour être en état d’interroger la fillette, et d’obtenir sur son passé les renseignements nécessaires pour lui faire plus tard retrouver sa famille.

La conversation des deux enfants avait donc lieu à