Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/284

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Toutes ces suppositions étaient non seulement plausibles, mais encore d’une indiscutable logique.

Armand était donc bien véritablement le sauveur de Vanda ; elle lui devait ou la vie ou la liberté, et peut-être même les deux ensemble.

Cette situation relevait le jeune homme dans sa propre estime ; il était fier de ce qu’il avait fait ; il se sentait presque un homme, puisqu’il avait, lui aussi, quelqu’un à protéger.

Aussi se promettait-il fermement, dans son for intérieur, d’accepter toutes les conséquences de la mission que lui confiait ainsi le hasard à l’improviste, et d’en remplir toutes les conditions.

Tout en riant, en jouant et en babillant, la fillette avait lestement fait ses préparatifs de départ.

Préparatifs fort courts à la vérité.

Il s’agissait simplement de refermer la valise, de l’attacher sur la croupe de Jaguarita, puis de remettre le mors à la bonne bête et de grimper ensuite sur la selle.

Curieux de voir comment sa nouvelle amie se tirerait de ces difficultés, Armand résolut de rester spectateur passif de ce qui allait se passer, tout en se réservant, bien entendu, d’intervenir si besoin était.

L’attente d’Armand fut trompée, la fillette fit très bien ses petites affaires toute seule.

Elle remit le mors à son cheval, puis, après avoir fermé la valise, elle s’approcha de l’animal et lui dit en le flattant doucement :

— Baisse-toi, Jaguarita.

La bonne bête plia les jarrets pour donner à la fillette la facilité d’attacher la valise, puis, cela fait, l’enfant saisit fortement la bride et la crinière, en même temps qu’elle disait de sa douce voix :

— Baisse-toi un peu plus, Jaguarita.

L’animal obéit.

Alors Vanda passa le pied gauche sur l’étrier, s’accrocha à la selle, s’enleva comme un flocon de duvet et se