Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/287

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Armand indiqua du doigt la comtesse à la fillette, en lui disant :

— Voici ma mère, ne veux-tu pas lui parler ?

— Oh ! si, répondit-elle, elle a l’air d’être bien bonne.

Échappant alors aux bras du jeune homme, et courant à la comtesse, dont elle saisit la robe dans ses petites mains, elle s’écria d’une voix câline :

— Maman, madame, veux-tu m’aimer, je t’aimerai bien !

La comtesse tressaillit à ces accents d’une douceur infinie ; elle pâlit tant son émotion fut poignante.

Mais, se remettant aussitôt, elle saisit la fillette dans ses bras, la serra sur son sein en la couvrant de baisers.

— Oh ! la mignonne enfant ! s’écria-t-elle. D’où viens-tu-donc, chère petite ?

— Je ne sais pas, répondit-elle en lui rendant ses caresses. Mon frère Armand, qui m’a trouvée toute seule avec Jaguarita, m’a dit de venir près de toi, que tu serais ma mère. Veux-tu, madame maman ?

— Si je le veux, cher ange ? dit la comtesse avec une joie douloureuse ; oui, je le veux, tu seras ma fille chérie, bien aimée !

— Oh ! tu ne m’aimeras jamais autant que je t’aimerai moi, madame maman, s’écria l’enfant en lui faisant un collier de ses bras, et l’embrassant à pleine bouche en riant et pleurant à la fois.

— Quel charmant chérubin, s’écria un chasseur.

— La gentille câline ! reprit un autre.

— Elle peut se flatter d’avoir de la chance celle-là ! ajouta un troisième.

— Ma foi, elle le mérite, s’écria Charbonneau, car elle paraît reconnaissante et surtout aimante.

— C’est vrai ! c’est vrai ! s’écrieront-ils tous en chœur.

— Cette enfant est perdue sans doute, il faudrait s’informer, dit la camériste qui s’était mêlée au groupe ; ses parents doivent être dans une inquiétude mortelle…

— En effet, dit la comtesse ; il faudrait voir, chercher ;