Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/288

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mon Dieu, pauvres gens, leur désespoir doit être terrible.

— Les éclaireurs comanches sont allés à la découverte, dit Charbonneau.

— Ils n’apprendront rien, dit Armand avec tristesse, la pauvre enfant est bien seule ; toutes les recherches seront inutiles.

— Oui, je suis seule, s’écria la fillette, en cachant son visage ruisselant de larmes dans le sein de la comtesse, ne me renvoie pas, madame maman, je t’en prie ! je serais si malheureuse ! s’écria-t-elle en sanglotant.

— Te renvoyer, pauvre chère mignonne, fit la comtesse, en redoublant de caresses, tu ne me quitteras plus.

— Jamais ? fit-elle, riant et pleurant à la fois.

— Jamais !… tu es ma fille.

— Oh ! que tu es bonne et que je t’aime ! reprit-elle en l’embrassant.

— Aussitôt que reviendront les guerriers, dit la comtesse, vous m’avertirez, n’est-ce pas, Charbonneau ? J’éprouve une inquiétude mortelle.

— Soyez tranquille, madame la comtesse ; aussitôt leur retour, ils vous rendront compte de ce qu’ils auront fait.

— Viens, fillette, allons nous reposer. Comment te nommes-tu ?

— Vanda, madame maman.

Et, s’échappant de ses bras, elle courut à sa jument, qu’elle caressa en lui disant :

— N’aie pas peur, Jaguarita ; sois bien sage, on aura bien soin de toi, ici personne ne te fera de mal.

L’animal se prêta paisiblement aux caresses de l’enfant, hennit doucement et se laissa emmener par un chasseur, mais en détournant deux ou trois fois la tête pour regarder sa maîtresse, que la comtesse tenait par la main et conduisait sous la tente.

— Tu aimes bien Jaguarita ? dit la comtesse, à la fillette.

— Oh ! oui, elle est si bonne et si brave, répondit l’enfant.