Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/291

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elle et le serra dans ses bras, en l’embrassant à plusieurs reprises.

— Laisse-nous, Clairette et moi, avec Vanda, dit-elle ; peut-être parviendrai-je, en l’interrogeant adroitement, à obtenir d’elle quelques renseignements sur sa famille, ce que tu n’as pu faire, faute de savoir comment t’y prendre.

Armand se leva et se prépara à sortir.

Mais, précisément en ce moment, Charbonneau entra, précédant les deux guerriers comanches ; sur un signe de sa mère le jeune homme reprit sa place.

Les Peaux-Rouges firent laconiquement leur rapport, selon la coutume des Indiens qui n’aiment pas les longs discours, et se bornent généralement, dans des cas semblables, à ne dire que les paroles strictement nécessaires.

Ils s’étaient rendus directement à l’endroit où la fillette avait fait halte ; arrivés là, ils avaient tracé un cercle imaginaire et avaient exploré le terrain pour ainsi dire pouce à pouce sur un périmètre de près de deux lieues.

Ils n’avaient découvert d’autres traces que celles laissées par la jument Jaguarita ; traces d’autant plus faciles à reconnaître, que la noble bête avait une allure particulière et presque inconnue dans les prairies.

Elle marchait l’amble : ses traces, presque en ligne directe et sans déviation sensible, s’enfonçaient dans la direction du Nord-Ouest, c’est-à-dire vers l’Oregon et la Haute-Californie.

Il résultait de ces recherches que l’enfant avait traversé seule, du moins en partie, le territoire indien dans sa plus grande largeur.

Fait incroyable et véritablement merveilleux, vu l’âge peu avancée de la petite voyageuse, et surtout son complet isolement.

Charbonneau remit à la comtesse la valise de l’enfant, deux longs revolvers à six coups fort beaux, cachés dans les fontes, mais dont à cause de leur poids la fillette aurait été incapable de se servir, au cas où il lui aurait fallu se défendre.