Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/301

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une raison ou pour une autre, portent leur nom véritable.

Il en est ainsi dans tous les pays nouveaux.

Que faisait ce Pablo Alacuesta ?

Était-il mineur, chercheur d’or ou gambucino ?

Comment le découvrir au milieu de tous les aventuriers occupés à la découverte de l’or ?

Et puis, était-il vivant ou mort ?

Autre problème aussi indéchiffrable que les autres, et dont le temps seul pouvait donner la solution.

Le seul fait certain, positif, était celui-ci :

À la suite d’une attaque nocturne contre sa maison, faite sans doute par des bandits, dona Luz Alacuesta s’était sauvée avec son enfant, en emportant tout ce qu’elle avait pu de sa fortune.

Blessée pendant sa fuite, elle était morte misérablement dans la savane, en laissant son enfant seule et abandonnée.

En dehors de ce fait brutal et poignant, tout le reste n’était que ténèbres.

La comtesse comprit que tenter de nouveaux efforts serait superflu.

Elle se résigna à ne rien savoir.

L’enfant était douce, intelligente, aimante surtout, avec cela, riche.

Le sacrifice qu’elle était prête à s’imposer, si elle n’eût rien possédé, devenait inutile.

Madame de Valenfleurs s’en réjouit pour l’enfant, et l’adopta franchement.

Dès ce moment, à la grande joie de son fils, elle la considéra comme s’il elle eût été véritablement sa fille.

Cependant, le voyage continuait ; on se rapprochait rapidement des établissements.

Déjà la nature se transformait.

La savane se faisait de moins en moins sauvage.

La main de l’homme se laissait découvrir çà et là.

Quelques traces fugitives de civilisation commençaient à apparaître de loin en loin.