Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/303

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mon frère regarde ; piste est là à ses pieds, lui baisser, voir.

— Trop tarder, ajouta le second guerrier ; avertir senora, trop courir tout de suite ; danger pressant.

Charbonneau ne se le fit pas répéter ; il courut près de sa maîtresse.

— Madame, lui dit-il, après l’avoir saluée respectueusement, les éclaireurs indiens m’avertissent que nous marchons trop doucement ; ils disent qu’un danger pressant nous menace, et qu’il nous faut partir à toute bride.

— Et vous, Charbonneau, que pensez-vous ? demanda la comtesse.

— Madame, nul ne connaît le désert comme les Indiens : s’ils disent qu’il y a un danger, c’est que ce danger existe. Moi-même et mes compagnons, nous sommes inquiets.

— Alors, vous pensez ?

— Qu’il faut partir ventre à terre ; oui madame.

— Soit ! partons donc ! dites aux éclaireurs que je suis prête.

Le chasseur se hâta de porter la réponse.

— Très bon ! répondit un des guerriers, le plus âgé ; pas loin aller, mais courir très fort ; là-bas, ajouta-t-il, en désignant de la main droite, une accore élevée, s’avançant assez profondément dans le rio Colorado, que les voyageurs côtoyaient depuis le matin, là-bas en sûreté, vous suivre, chasseur ?

— Allez ! nous sommes sur votre piste ! répondit Charbonneau.

Les deux Peaux-Rouges partirent comme le vent.

— En avant ! cria le Canadien.

Les voyageurs piquèrent.

Les chevaux s’élancèrent ventre à terre.

Ce fut alors une course effarée, sans nom.

Les animaux avaient comme les hommes conscience du danger inconnu dont ils étaient menacés.