Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/305

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L’abatis terminé, il était d’une épaisseur effrayante.

Les Comanches se consultèrent entre eux.

Puis ils sortirent du camp, par deux points opposés, suivis de Charbonneau et d’un autre chasseur.

Les quatre hommes se mirent aussitôt à l’œuvre, en arrachant toutes les herbes sur un périmètre de cinquante à soixante pas en avant de l’abattis.

Cela fait et les herbes mises en monceaux, les Comanches brûlèrent des amorces sur ces herbes entassées.

La comtesse et son fils suivaient curieusement les mouvements des Indiens et des Canadiens, ne comprenant pas encore ce qu’ils voulaient faire.

Tout à coup, ils virent des masses de fumée s’élever dans l’air.

Puis une flamme se dégagea, courut rapidement dans les herbes et les buissons, s’étendit tout le long des pentes, les descendit et gagna la plaine, où elle prit presque aussitôt les proportions d’un incendie formidable.

Bientôt, la savane tout entière fut en feu et prit l’aspect d’un immense brasier, qui alla toujours s’élargissant, tout en s’éloignant dans toutes les directions.

Bientôt, l’accore où étaient campés les voyageurs apparut comme une oasis perdue au centre d’une immense fournaise.

Le soleil était couché depuis longtemps déjà.

Les ténèbres avaient remplacé le jour.

L’incendie, s’éloignant de plus en plus, se perdait au loin et nuançait les derniers plans de l’horizon de lueurs rougeâtres.

— M’expliquerez-vous ce que tout cela signifie, monsieur Charbonneau ? demanda la comtesse au Canadien, lorsque celui-ci rentra dans le camp, suivi de ses compagnons ; je vous avoue que je n’y comprends rien.

— C’est cependant bien simple, madame la comtesse, répondit paisiblement le Canadien, tout en bourrant son calumet indien, nous sommes menacés d’un danger terrible.

— Mais lequel ? au nom du Ciel.