Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/311

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Mais il ne répondit pas et s’éloigna au plus vite, suivi par deux de ses compagnons.

Dardar n’aboyait plus.

Au contraire, il remuait la queue et courait d’un air joyeux sur le bord de l’esplanade.

— Serait-ce un ami ? murmura Charbonneau ; il faut voir !

Après avoir abrité ses deux compagnons derrière des buissons, Charbonneau s’étendit sur le sol et passa avec précaution sa tête par dessus l’esplanade.

Il aperçut presque aussitôt une masse noire accrochée à quelque racine, à une certaine hauteur, et paraissant, à cause de l’obscurité, suspendue entre le ciel et l’eau.

— Eh ! murmura le Canadien, voilà un rude gaillard.

Et s’abritant le plus possible contre une balle probable, il dit en indien :

— Qui est là ?

— Un ami, répondit aussitôt l’inconnu.

— Bon ! que fais-tu là ?

— Mission importante, visage pâle…

— Tu es Tahera.

— Oui, guerrier comanche.

— Attends.

Le canadien fit glisser son lasso par dessus la plate-forme.

L’Indien s’en empara :

— Attache ton fusil et ton couteau à scalper à mon lasso.

L’Indien obéit sans répondre.

Le Canadien retira le lasso à lui, détacha les armes et les plaça près de lui.

Puis il appela ses deux compagnons auxquels il dit vivement quelques mots à voix basse ; ceux-ci firent un signe affirmatif.

Le lasso redescendit.

— Attache-toi au lasso, reprit le Canadien ; si tu es Tahera, c’est bien ; si tu es un traître, tu mourras !

— Bon ! reprit l’Indien, mon frère sage.