Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/328

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quelques-uns avaient essayé de le détourner de s’allier avec ces vagabonds des Peaux-Rouges.

Il y avait de quoi devenir fou de rage, et le digne bandit était bien près d’en perdre l’esprit.

Cependant il s’obstina longtemps à ne pas croire à ce qu’il nommait une trahison de la part des Indiens ; malgré toutes les probabilités contraires, il espérait les voir arriver d’un moment à l’autre.

Mais après une demi-heure d’attente, comme ils ne paraissaient pas, force lui fut de se rendre à l’évidence, et de s’avouer à lui-même qu’il avait été joué comme un sot.

D’ailleurs, le temps pressait ; il était quatre heures passées.

Il ne restait plus que deux heures de nuit.

Il fallait en finir avec les voyageurs campés sur l’accore.

Le chef des aventuriers donna l’ordre à ses gens de se préparer à l’attaque, et il expédia quatre éclaireurs en avant, afin de reconnaître le terrain sur lequel ils allaient manœuvrer.

Le temps perdu par les aventuriers ne l’avait pas été par les voyageurs ; ceux-ci l’avaient employé à se fortifier davantage et à rendre leur position inexpugnable, ou tout au moins très difficile à forcer.

Vu le peu de bras dont ils disposaient, ils avaient accompli une véritable œuvre de géants, en creusant plusieurs fossés profonds, garnis, au fond, de pieux plantés droit et affilés du bout.

Puis ces fossés avaient été recouverts de branchages entrelacés, devant céder au plus léger choc, bien qu’ils eussent l’apparence de la plus grande solidité.

Ces fossés ainsi disposés n’étaient, en réalité, que des pièges semblables à ceux dont on se sert dans les savanes pour prendre les fauves.

Les chasseurs attendaient la meilleure réussite de ces pièges, bien connus cependant, mais dont sans doute les aventuriers ne se méfieraient pas dans l’obscurité ou