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Cette magnifique hacienda avait été construite aux premiers jours de la conquête espagnole, par un des ancêtres du propriétaire actuel, de la famille duquel elle n’était jamais sortie.

Elle était entourée d’une muraille massive, couronnée d’almenas en signe de noblesse.

Les quatre larges portes percées dans cette muraille, munies de pont-levis, étaient garnies à l’intérieur d’une forte herse de fer que l’on baissait chaque soir : précaution non seulement prudente, mais encore indispensable sur le territoire indien, où l’on est chaque jour exposé aux attaques des Peaux-Rouges et des bandits.

Les appartements étaient nombreux, bien disposés et meublés avec un luxe véritablement princier.

Dans la cour d’honneur, à droite, se trouvait une chapelle assez grande, de style gothique, où l’aumônier de l’hacienda disait la messe.

Les côtés et les derrières de l’hacienda étaient occupés par des corrals pour les chevaux et les bestiaux, et une huerta ou jardin immense, dessiné avec ce talent et cette entente supérieure de l’ombre, que personne ne possède à un aussi haut degré que les Espagnols.

Ces jardins étaient traversés par une rivière très poissonneuse, qui tombait en cascade d’une hauteur considérable.

Puis c’étaient des statues, des pièces d’eau, des bains établis selon la mode moresque.

Le jardin se terminait par un parc ou plutôt une forêt, remplie de gibiers de toutes sortes.

On pouvait galoper pendant deux jours dans cette forêt sans en apercevoir la fin.

Jardin et parc étaient clos de murs très épais, et surtout très élevés.

Au pied de la colline, au sommet de laquelle s’élevait fièrement l’hacienda, se trouvait un Rancho ou plutôt une Rancheria, composée de deux ou trois cents cabanes construites en pisé, blanchies au lait de chaux, bien alignées, fort propres, et servant d’habitation aux peones, vaque-