Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/369

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partis au moment où M. Desrieux distribuait de l’argent aux civicos. Ils ont vu que personne ne faisait attention à eux ; ils en ont profité pour faire entrer leurs chevaux dans les hautes herbes. Cœur-Sombre m’a fait un signe amical de la main, et m’a crié : « Au revoir ! » Puis ils ont disparu.

— Vous ne savez pas de quel côté ils se sont dirigés ?

— Quant à cela, non, madame.

— J’ai absolument besoin de voir ces deux chasseurs. J’ai des recommandations importantes à leur faire ; il faut les retrouver au plus vite.

— Cela ne sera pas facile, madame, le désert est grand.

— Qu’importe cela s’écria Jérôme, si madame le permet, je vais me mettre immédiatement à leur recherche, et je les ramènerai.

— Nous ne sommes pas en Afrique, dit en riant Charbonneau, et de plus vous avez affaire aux deux chasseurs les plus expérimentés de la prairie : ils vous dépisteront avant que vous les voyiez et ils vous échapperont sans que vous réussissiez à retrouver leurs traces. Dans le désert, il faut être bien fin pour trouver un homme malgré lui. Si les chasseurs nous ont quittés, c’est qu’ils ne se soucient pas de notre compagnie ; ils doivent être loin déjà.

— Cependant, on peut toujours essayer, dit l’ex-zouave.

— Comme il vous plaira, mais ce sera peine perdue, vous ne trouverez rien.

— Comment faire alors ? dit la comtesse avec dépit ; il faut absolument que je les retrouve.

Le Canadien se gratta l’oreille.

C’était son habitude lorsqu’il voulait faire jaillir une idée de sa cervelle, un peu rétive, mais assez bien organisée, comme on va le voir.

— Ainsi, dit-il, il est important que vous revoyiez ces deux hommes.

— De la plus haute importance ; je vous l’ai dit, répon-