Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/370

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dit-elle. Je donnerais volontiers cent onces d’or pour qu’ils fussent ici.

— Hem ! cent onces, c’est une belle somme ; mais ce n’est pas d’argent qu’il s’agit, tout l’or des placeres de la Californie ne vous les ferait pas retrouver, s’ils s’obstinaient à ne pas se laisser découvrir par nous.

— Vous êtes chasseur aussi vous, Charbonneau, vous connaissez la vie du désert ; je vous ai vu accomplir des choses extraordinaires, à propos de pistes, ainsi que vous nommez les traces laissées après le passage d’un homme ou d’un animal.

Le Canadien secoua la tête à deux ou trois reprises.

— C’est vrai, dit-il, je suis chasseur, et je crois connaître mon métier, mais Cœur-Sombre et Main-de-Fer sont plus forts que moi ; ils me joueraient comme un enfant, si je me risquais à les suivre. Ils ont habité les pampas et reçu des leçons des Gauchos, qui sont bien plus malins que nous : ils ont des procédés à eux pour découvrir les traces des autres et cacher les leurs ; le diable n’y voit goutte. Je n’ai jamais rien pu y comprendre, cela dépasse mon intelligence.

— Où voulez-vous en venir ? demanda la comtesse avec une impatience contenue.

— Tout simplement à ceci, madame la comtesse. Il est inutile de vous adresser à nos chasseurs ; ils feraient comme moi, ils refuseraient, convaincus qu’ils n’aboutiraient à rien. Des Peaux-Rouges peuvent tenter une pareille entreprise avec quelques chances de succès, et encore je ne réponds pas de la réussite. Vous avez trois éclaireurs comanches à votre service, madame la comtesse adressez-vous à eux.

— Vous croyez que ces Indiens réussiront à les découvrir ?

— Je n’affirme rien, madame la comtesse ; mais les Comanches sont bien fins et si quelqu’un peut espérer retrouver les deux hommes que vous tenez tant à voir, ce sont eux seuls sans contredit.

— Ce brave chasseur a raison, madame, dit l’hacien-