Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/374

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Le mayordomo, à cheval comme toujours — cet homme semblait vivre constamment sur la selle, — s’était posté devant la porte, afin de faire le premier les honneurs de l’habitation à la noble étrangère, qu’il salua au passage avec la plus exquise courtoisie.

— Madame, dit-il, au nom de mon maître, dont j’exécute les ordres, soyez la bienvenue dans cette demeure, qui est la vôtre pour tout le temps qu’il vous plaira de l’habiter.

La comtesse le remercia en souriant, et se tournant avec grâce vers l’haciendero :

— C’est de l’hospitalité antique, en vérité, caballero, lui dit-elle d’un ton de bonne humeur.

— Ne nous adressez pas de reproches, madame la comtesse, répondit don Cristoval en saluant, c’est peut-être la seule vertu que nous aient léguée nos ancêtres.

Les regards de la comtesse se dirigèrent alors vers la verandah et se fixèrent sur une jeune femme, toute vêtue de blanc, blonde, souriante, d’une incomparable beauté et dont les moindres gestes étaient empreints d’une grâce exquise.

Elle tressaillit, et, se tournant vivement vers l’haciendero :

— C’est elle, n’est-ce pas ? demanda-t-elle à don Cristoval.

— Oui ! madame c’est elle, en effet, répondit-il.

— Qu’elle est belle, et comme il doit l’aimer ! murmura-t-elle.

— Tant mieux ! dit la comtesse ; je suis heureuse qu’une femme aussi adorablement belle mérite de tels éloges.

— Elle est digne de tous les respects et de tous les hommages, madame ; ne l’aviez-vous donc pas reconnue ?

Un sourire d’une expression singulière se dessina sur les lèvres carminées de la comtesse.

— Cette fois est la première que j’ai le bonheur de la voir, dit-elle ; mais hâtons-nous, je vous prie.