Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/375

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Et elle pressa son cheval.

— Ah ! fit l’haciendro, tout déferré par cette singulière confidence.

Et il ajouta, tout en suivant la comtesse :

— Je n’y comprends plus rien du tout.


X

OÙ LE CŒUR-SOMBRE TROUVE À L’IMPROVISTE LE PRÉTEXTE QU’IL CHERCHAIT POUR RETOURNER AU PLUS VITE À LA FLORIDA.


Le Cœur-Sombre et son ami, après avoir pris congé à la Française, ainsi que disent proverbialement les Hispano-Américains, c’est-à-dire sans prévenir madame la comtesse de Valenfleurs de leur départ, s’étaient lancés au galop à travers les hautes herbes de la savane.

Ils avaient fourni une longue course, galopant côte à côte sans échanger une parole.

Ils semblaient, en apparence du moins, ne suivre aucune direction bien déterminée.

Cependant il en était autrement.

Le Cœur-Sombre savait parfaitement où il allait.

Quant à Main-de-Fer, selon son habitude de complète abnégation et d’entière insouciance, il suivait son compagnon, sans autrement se préoccuper du but à atteindre.

C’était un singulier type, même dans la savane, où l’on en rencontre tant de bizarres, que ce digne Main-de-Fer.

Très bien de sa personne, d’une vigueur et d’une adresse incomparables, doué d’un courage de lion, et possédant une belle intelligence, il s’était, de parti-pris, condamné à la plus complète inertie morale.

Il avait abdiqué sa volonté, et jusqu’à sa faculté de penser, en faveur de son ami.