Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/414

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cet homme, et que, quoi qu’il tentât contre elle, il saurait la protéger efficacement contre ses poursuites.

D’ailleurs, la jeune fille croyait que Felitz Oyandi ne l’avait pas remarquée, et qu’il avait passé devant elle sans la voir.

Elle se promit d’être prudente et de ne plus s’exposer à de pareilles rencontres.

La jeune fille se trompait.

Cet homme l’avait vue et reconnue.

Il l’avait suivie de loin jusqu’à sa porte, et même il était entré chez le concierge, où il avait essayé de prendre quelques renseignements sur elle.

Malheureusement pour lui, par hasard, le concierge avait repoussé ses avances et l’avait mis à la porte en le traitant de mouchard.

Ce digne concierge, chose singulière, aimait beaucoup son locataire et professait une espèce de culte pour Denizà.

Voici pour quels motifs :

Une nuit, un des enfants du concierge s’était trouvé subitement malade, et cela si gravement qu’il avait failli mourir dans une crise nerveuse.

C’était une petite fille de cinq à six ans au plus, très gentille, et que tout le monde aimait dans la maison, dont elle était la gaieté.

Le concierge, à demi fou de douleur, avait été frapper à la porte du docteur.

Celui-ci s’était levé et était accouru en toute hâte.

Grâce à lui, l’enfant avait été sauvé.

Mais ce n’était pas tout ; la maladie devait être longue et l’enfant avait besoin de soins incessants, que ses parents ne pouvaient pas lui donner.

De plus, la loge était petite, privée d’air, chargée de miasmes méphitiques.

Denizà exigea que la fillette fut installée dans sa chambre à coucher même, et elle se fit sa garde-malade, ne la quittant ni jour ni nuit, et la veillant comme si elle eût été sa mère ou sa sœur.