Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/426

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vane, dont les nombreuses et bien organisées étaient fort à redouter.

Le docteur ajouta qu’il ne serait pas fâché, en cas d’attaque, de leur donner une bonne leçon et de leur apprendre comment les Français savent se battre.

— Il n’y a pas besoin, major, répondit le maréchal-des-logis-chef, vieux soldat d’Afrique, bronzé sur toutes les coutures, que nous nous changions en taupes ! Si les cavaliers susdits que vous dites veulent en tâter, nous leur apprendrons de quel bois nous nous chauffons.

— Disposez de nous, major, ajouta le sous-officier des chasseurs à pied, hardi jeune homme qui ne demandait que plaies et bosses. Nous ferons de notre mieux dès que vous en donnerez l’ordre.

Le docteur les remercia et les congédia en leur serrant la main.

Ainsi la Florida, sans que nul ne s’en doutât au dehors, avait reçu un renfort de soixante-dix soldats résolus et sur lesquels on pouvait compter en toute confiance.

Ce fut le docteur lui-même qui raconta ce fait à Denizà pour la rassurer.

La jeune femme, habituée à la vie parisienne, éprouvait malgré elle une crainte secrète en se voyant ainsi en plein désert, si loin de tout centre de population.

Il y avait deux jours que le docteur était à l’hacienda, lorsque la comtesse de Valenfleurs arriva à la Florida avec son escorte.

Après ces longues confidences, il y eut un silence.

Denizà semblait interroger du regard le docteur.

Celui-ci se tourna d’un air embarrassé vers la comtesse.

— Eh bien ? demanda-t-il.

— On m’avait annoncé une surprise agréable, dit Denizà d’une voix tremblante. Vous rencontrer ici, chère et aimée Leona, est pour moi un grand bonheur, mais je m’attendais à vous voir, et…

— Je vous comprends, interrompit tristement la com-