Au son de cette voix si chère, un tremblement convulsif agita tout le corps du jeune homme, un râle s’échappa de sa poitrine, ses yeux lancèrent de fulgurants éclairs.
— Denizà ! s’écria-t-il comme en délire, Denizà ! ah ! mon cœur l’avait deviné !
Il vint tomber, palpitant, aux pieds de la jeune femme.
— Je le savais ! s’écria-t-elle avec un élan sublime d’amour.
Et elle se pencha, gracieuse, vers son fiancé pour le relever.
Mais tout à coup, elle se redressa livide et tremblante.
— Mon Dieu ! s’écria-t-elle ; à moi au secours !
Julian, pâle, mais les traits rayonnants, se releva lentement et en chancelant, en s’appuyant sur Bernardo, qui s’était élancé à son aide.
— Ce n’est rien, dit-il d’une voix faible, je me sens mieux. Ah ! cette émotion m’a brisé ; j’ai cru mourir de joie après tant de douleurs ! Oh ! Denizà, ma vie, mon amour ! je t’aime ! je t’aime !
Et il fondit en larmes, en cachant sa tête sur le sein de la jeune femme, qui lui prodiguait les plus douces et les plus chastes caresses.
— Julian ! mon Julian chéri, reviens à toi, nous sommes enfin réunis ; rien maintenant ne pourra nous séparer, disait-elle, en essuyant ses larmes avec ses baisers, et l’entraînant doucement vers un large divan, où elle le fit asseoir près d’elle.
— Bien vrai, répondait le jeune homme, comme parlant dans un rêve ; nous ne nous séparerons plus ?
— Jamais ! s’écria-t-elle avec passion, jamais !
— Ah ! ce mot me rend heureux, ma Denizà ! Je me sens revivre. Tu es là près de moi ; c’est bien toi ! Ma chérie, ma bien-aimée, si tu savais ce que j’ai souffert, loin de toi ! ajouta-t-il avec tristesse.
— Et moi, mon bien-aimé, j’ai bien souffert aussi, j’ai failli mourir, et sans ton père qui m’a recueillie, sauvée, où serai-je, hélas !
— Mon père, mon bon père ! s’écria le jeune homme