Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

III

COMMENT LE BEAU FELITZ OYANDI PERDIT DEUX FOIS
LA PARTIE QU’IL S’ÉTAIT VANTÉ DE GAGNER


Au moment où Julian d’Hirigoyen pénétrait dans la salle où se faisait la veillée, la chambrée était complète ; jeunes gens, jeunes filles, grands parents, plus de trente personnes étaient réunies ; filant, cousant, brodant, riant, chantant et même dansant, avec cette joyeuse insouciance de la jeunesse, pour laquelle le présent est tout et l’avenir rien.

La veillée est une des coutumes les plus vieilles et les plus respectées des Basques.

C’est là que, sous l’œil vigilant des parents, les garçons font la cour aux filles.

C’est là surtout que, devant tous, les jeunes gens se fiancent, ce qui a pour résultat d’éloigner aussitôt définitivement, sans qu’ils puissent se plaindre, les rivaux et les amoureux dédaignés.

Deux amants qui se sont ainsi fiancés ne peuvent plus rompre. S’ils le faisaient, ils seraient honnis et méprisés de tous.

Nous ferons bientôt assister le lecteur à cette simple et touchante cérémonie des fiançailles, qui a quelque chose de primitif et de patriarcal.

La veillée avait lieu dans la maison de la famille de Mendiri, dans une salle assez vaste et haute, avec les poutres apparentes ; elle était plus large que longue, boisée de chêne, noircie par le temps, jusqu’à la moitié de sa hauteur ; l’aire, bien battue, remplaçait le plancher absent.

Au fond s’ouvrait une grande cheminée gothique à manteau avancé, sous lequel plusieurs personnes auraient pu s’asseoir à l’aise. Les meubles consistaient en