Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/46

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fauteuils de canne pour les vieillards, en chaises, tabourets et bancs, placés çà et là sans ordre et selon le caprice des occupants. L’éclairage était fait au moyen de candils, espèces de lampes primitives accrochées de distance en distance, et surtout par les flammes du brasier brûlant dans l’immense cheminée.

Le père et la mère de Denisà étaient assis à droite de la cheminée, en compagnie de leurs amis les plus intimes ; à gauche, Denisà filait, entourée de ses compagnes.

À l’arrivée de Julian, on travaillait et on riait ; Felitz Oyandi, l’air insolent et le regard railleur, pérorait au milieu d’un groupe de jeunes gens.

Julian, sans regarder de son côté et sans paraître le voir, traversa la salle, et alla saluer le père et la mère de la jeune fille ; il souhaita affectueusement le bonsoir à Denisà, puis il se mêla aux jeunes gens avec lesquels il était le plus intimement lié.

Cependant, l’entrée du jeune homme dans la salle avait causé une certaine émotion dans la foule rassemblée à la veillée. Chacun s’était retourné de son côté ; sur son passage, les jeunes filles chuchotaient et souriaient d’un air mutin, en le regardant ; les jeunes gens eux-mêmes avaient interrompu leurs conversations ; un silence relatif régna pendant quelques instants dans la salle ; chacun semblait avoir le pressentiment que quelque chose allait se passer.

Mais cette émotion n’eut que la durée d’un éclair. Bientôt les rires recommencèrent de plus belle et les jeunes gens se remirent à lutiner les fillettes qui ne demandaient pas mieux que d’être taquinées par eux.

Bernardo, qui était un beau diseur et grand conteur d’histoires, fut appelé au milieu du groupe des jeunes filles, et, sur leurs prières, il entama une histoire de revenant à faire dresser les cheveux sur la tête d’un homme chauve et qui fit doucement frissonner son charmant auditoire.

Puis, vinrent des chants alternés de chœurs.