Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/76

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— Mais vous avez à peine mangé, madame ?

— Je ne me sens pas en appétit.

La jeune fille sortit en emportant le chocolat.

— Il est bien véritablement parti, murmura la marquise lorsqu’elle fut seule ; quand reviendra-t-il ? ajouta-t-elle en soupirant. Oh ! que Dieu me protège !

En ce moment, Clairette rentra.

— Le docteur d’Hérigoyen est arrivé, madame, dit-elle ; il demande si madame la marquise peut le recevoir.

— Oui ! oui ! s’écria vivement la marquise, qu’il entre ! qu’il entre !

Sur un geste de la jeune fille, le docteur parut sur le seuil de la chambre à coucher, le chapeau à la main et respectueusement courbé.

— Venez, docteur, venez, dit la marquise je vous attendais avec impatience. Approche un fauteuil, mignonne, et laisse-nous. J’ai à causer avec le docteur.

Clairette avança le fauteuil et se retira.

La marquise et le docteur demeurèrent seuls.


V

DU CONSEIL QUE LE DOCTEUR DONNA À LA MARQUISE ET
CE QU’IL EN ADVINT


Il y eut un assez long silence ; le docteur examinait la marquise avec une sérieuse attention ; quant à la jeune femme, son regard errait dans le vague, elle semblait rêver ; elle avait évidemment oublié la présence du médecin.

Celui-ci hocha la tête à plusieurs reprises, et, voyant que la marquise ne songeait plus à lui, il se décida à prendre enfin la parole.

— Madame, dit-il, permettez-moi de vous demander comment vous avez passé la nuit ?

La jeune femme tressaillit, comme si elle se fût éveillée