Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La marquise s’occupa immédiatement de mettre tout en ordre dans ses tiroirs.

Madame de Garmandia enleva la plus grande partie de sa correspondance, et surtout certains papiers d’une haute importance, qui, en cas d’événements imprévus, lui seraient fort utiles pour se défendre contre son mari. Elle fit une liasse de tous ces papiers, les mit à part, et elle sortit tous ses écrins, les posa sur une table et les ouvrit.

La marquise possédait de magnifiques parures de toutes sortes, et une quantité de diamants d’une très grande valeur. La plus grande partie de ces parures et la totalité de ces diamants lui venaient de sa mère. C’étaient des bijoux de famille inconnus de son mari, parce qu’elle ne s’en parait jamais. La marquise jeta dans un sac de velours tous ces écrins pêle-mêle, décidée à les emporter avec elle, certaine que son mari, ignorant leur existence, ne les chercherait pas.

Quant aux autres bijoux, ceux achetés par son mari depuis son mariage, elle les abandonna sans regret, broches, colliers, bracelets, boucles d’oreilles, etc. Il y en avait environ pour une centaine de mille francs. Si le marquis les trouvait, ce qui ne manquerait pas d’arriver, ce serait une bonne aubaine pour lui, car la somme était ronde. Quant à ses alliances, la marquise en avait deux : elle les portait à tour de rôle ; elle les emporta. Voici pourquoi ces deux alliances : Un jour, la marquise perdit ou crut perdre son alliance ; craignant d’être grondée par son mari, elle se hâta d’en faire faire une seconde, identiquement pareille ; mais lorsque le bijoutier lui remit cette seconde alliance, la marquise avait retrouvé la première qui n’était qu’égarée ; elle ne dit rien à son mari et conserva les deux alliances.

Ses papiers et ses bijoux mis de côté, la marquise passa dans son cabinet de toilette, afin de préparer les vêtements masculins qu’elle désirait emporter et ceux qu’elle se proposai de mettre ; mais, comme tout ce qu’elle comptait conserver n’aurait pas tenu dans une simple va-