Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/98

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Le quart avant neuf heures sonnait au moment où notre cavalière passait devant la sentinelle et pénétrait dans la ville.

Elle avait accompli en cinquante-cinq minutes, sans user de l’éperon ou de la cravache, un trajet de quatre lieues et demie ; c’était bien marcher.

La marquise connaissait Bayonne de longue date, et savait parfaitement la direction à suivre pour gagner l’hôtel de Paris, dans lequel elle s’était arrêtée deux ou trois fois.

Lorsqu’elle arriva devant la porte de l’hôtel, deux hommes, qui causaient ensemble, s’approchèrent d’elle et la saluèrent. Dans l’un d’eux, le plus âgé, elle reconnut au premier coup d’œil le docteur d’Hérigoyen.

Buenas noches, don Luis, lui dit le docteur en espagnol. Io no to esperaba à usted tan pronto ; à hecho usted un buen viaje ? — Bonne nuit, don Luis, je ne vous attendais pas d’aussi bonne heure, avez-vous fait un bon voyage ?

Muy bueno, mil gracias, senor. — Très bon, mille grâces, monsieur, répondit la jeune femme en sautant à terre, en écuyer expérimenté, et jetant la bride à un garçon d’écurie, qui emmena aussitôt le cheval.

Tenga usted gran cuidado de mi caballo, dit la marquise au valet d’écurie, — ayez grand soin de mon cheval.

Queda se usted quieto, senor caballero. — Soyez sans inquiétude, seigneur cavalier — répondit le valet, avec un salut.

Malgré la perfection avec laquelle ces différentes phrases furent prononcées par la marquise, comme le lecteur peut fort bien ne pas comprendre la langue admirable de Cervantès, bien que la conversation continuât en espagnol, nous nous bornerons à en donner la traduction.

— Mon cher don Luis, reprit le docteur, je me suis entièrement conformé aux instructions contenues dans la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ; vos ba-