Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/101

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espère que plus tard elle éclatera comme un coup de foudre sur son ennemi, et précisément lorsque celui-ci se croira à l’abri de toute attaque et de tout soupçon, par une nouvelle et dernière incarnation.

» Donc, croyez-moi, ne cherchez pas davantage les causes de ce changement prodigieux ; il est tout entier dans l’espoir de cette vengeance posthume. D’ailleurs, vous vous en apercevrez bientôt, lorsqu’il commencera l’histoire de sa vie, à laquelle celle du Mayor est intimement liée, et quand il nous fera l’historique de tous ses crimes.

— Je suis assez de cet avis, dit la Main-Ferme en hochant la tête, ce misérable ne me semble pas avoir l’encolure d’un homme capable de remords ou de repentir ; c’est un scélérat de la pire espèce, une brute essentiellement méchante, lâche et cruelle : dans les mains d’un bandit comme le Mayor, ce devait être un admirable instrument ! Il y a en lui du bouledogue et du coyote ; du reste, comme dit Main-de-Fer, nous saurons bientôt à quoi nous en tenir sur son compte.

— C’est juste, dit Julian, ne préjugeons rien : mais je ne serais nullement étonné que mon ami nous eût donné le mot de l’énigme.

— Le Cœur-Loyal a terminé le commencement du procès-verbal, reprit Bernardo ; l’interrogatoire va recommencer.

En effet, le Cœur-Loyal avait achevé sa besogne.

Il lut ce qu’il avait écrit.

Sebastian l’approuva sans réserves.

Alors l’ancien matelot se leva, sur l’ordre de Belhumeur, et celui-ci, après avoir réclamé le silence, reprit l’interrogatoire en demandant à Sebastian où, comment et à quelle époque il s’était pour la première fois rencontré avec le Mayor.

— Pardon, répondit l’ex-matelot, ceci nous entraînerait trop loin, et nous ferait perdre beaucoup de temps. Peut-être vaudrait-il mieux que je vous racontasse d’une haleine ma vie tout entière, sans être interrompu.

Belhumeur consulta ses amis du regard.