Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/114

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fait trente-cinq lieues dans ma journée, sans même prendre le temps de boire ni de manger.

— Cela presse donc ?

— Vous en jugerez, Mayor !

— C’est juste ; voulez-vous partager mon souper. Nous causerons en mangeant.

— Je vous remercie et j’accepte, Meyor, car je tombe littéralement d’inanition.

Le Mayor prit son sifflet sur la table, et en tira à deux reprises un sifflement strident.

Le jacal était assez grand, et partage par des claies faisant cloisons en plusieurs compartiments ou chambres.

Une portière intérieure s’écarta à demi et une tête ébouriffée passa dans l’entrebâillement.

— Mon souper et deux couverts, dit le Mayor.

La tête disparut ; presque aussitôt la portière fut relevée et deux hommes entrèrent, portant une table toute servie.

Un troisième portait un panier contenant une douzaine de bouteilles, qu’il posa à terre, près de la table.

— Allez, dit le Mayor et ne rentrez pas sans être appelés.

Les trois hommes saluèrent et sortirent par où ils étaient venus.

— À table, ajouta le Mayor en s’adressant à Navaja.

Les deux hommes se placèrent en face l’un de l’autre.

Le souper commença.

Les plats étaient nombreux, copieux et bons ; les vins étaient des meilleurs crus de France.

Les deux convives, munis d’un formidable appétit, y firent largement fête.

Les commencements du repas furent silencieux. Mais lorsque la première faim fut calmée, la conversation s’engagea.

— À votre santé ! dit le Mayor ; goûtez-moi de ce château-margaux.

— À la vôtre, Mayor ; il est exquis. Le château-margaux est, à mon avis, le seul vin que l’on puisse boire tou-