Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/121

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tout doucement mes revolvers de ma ceinture et je me tins prêt à une vigoureuse résistance. Les deux hommes causaient à voix basse, mais ils ne s’occupaient nullement de moi ; ils passèrent à trois pas du buisson où j’étais caché, sans même tourner la tête de mon côté ; je respirai alors.

— Il y avait de quoi, dit le Mayor en riant.

— Les deux rôdeurs continuèrent à se diriger du côté de la muraille ; soudain ils s’arrêtèrent et se jetèrent vivement derrière un arbre. Vous comprenez que je regardais, moi aussi : je vis alors une tête émerger du sommet de la muraille, puis un corps, puis un homme tout entier. Qu’est-ce que cela signifie ? me demandai-je à moi-même. Je ne restai pas longtemps en suspens, l’énigme me fut bientôt expliquée.

— Qu’était-ce donc ? demanda le Mayor qui, depuis quelque temps, écoutait plus attentivement.

— Cet homme, reprit Navaja, s’assura qu’il était seul, puis il sauta dans le parc ; mais au moment où il touchait le sol, une reata, lancée par le mayordome, s’abattit sur ses épaules, et il roula à terre à demi évanoui ; les deux hommes coururent au prisonnier, et après l’avoir solidement garrotté, ils le regardèrent au visage : — Bonne prise ! s’écria le Cœur-Sombre ; ce drôle, que je connais bien, est l’âme damnée du Mayor ; il se nomme Sebastian. Il est venu probablement pour nous espionner. — Son compte est bon, répondit le mayordome. Le prisonnier fut roulé dans un zarapé, puis le mayordomo le chargea sur ses épaules en disant : — Mettons-le en lieu de sûreté ; nous verrons plus tard ce que nous ferons de lui ; et les deux hommes s’éloignèrent. Je restai seul, très intrigué par cette scène, à laquelle je ne comprenais rien. La présence de Sebastian dans les mêmes parages que moi et en même temps, c’était ce qui m’étonnait le plus.

— Pardonnez-moi, ami, j’ai eu tort, dit le Mayor en lui tendant la main avec les marques de la plus apparente franchise. Vous savez combien peu je puis avoir confiance