Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/193

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Soudain une fusillade bien nourrie éclata dans la direction de la Rancheria, mêlée à des cris et à des vociférations féroces.

Sur ces entrefaites, plusieurs têtes aux visages sinistres s’élevèrent silencieusement du faîte du mur de clôture.

Tout continuait à être silencieux dans le parc.

Les bandits montaient toujours le long de la muraille ; bientôt on aperçut des épaules, puis des bustes dessinèrent leurs noires silhouettes dans la nuit.

— Feu ! cria Julian d’une voix stridente, en déchargeant son fusil sur un bandit qui semblait être le chef des autres.

Sans qu’il fût possible d’apercevoir personne, une décharge terrible éclata comme un coup de tonnerre sous les hautes futaies du parc.

Tous les bandits disparurent en même temps, et on les entendit lourdement retomber au dehors.

En ce moment même, calme et souriant, comme si aucun événement extraordinaire ne fût venu troubler les plaisirs de la fête, don Cristoval de Cardenas, donnant le bras à doña Luisa, s’avança au milieu du bal, où le bruit de la fusillade commençait à répandre une panique qui menaçait de devenir bientôt générale.

— Señoras et vous caballeros ! cria-t-il d’une voix forte, afin d’être entendu de tous, rassurez-vous, vous ne courez aucun danger. Nous sommes attaqués par cinq cents hommes à peine et nous en avons quinze cents pour nous défendre, au nombre desquels se trouvent deux cents soldats français. J’étais prévenu depuis longtemps de cette attaque. Il m’a semblé qu’il serait beau de prouver à nos alliés les Français que le sang de nos pères n’a pas dégénéré dans nos veines, et que nous sommes bien les descendants des fiers conquistadores du Mexique. Dansons sans crainte ; don Julian et don Bernardo sont à la tête de nos défenseurs. Pas un bandit ne mettra le pied dans l’hacienda, je vous en donne ma parole d’honneur !

— Bravo ! Vive le Mexique ! s’écrièrent les invités d’une seule voix.