Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/223

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— Non pas adieu, mais au revoir, cher don Julian, répondit don Cristoval en souriant ; je compte aller bientôt visiter cette France dont j’entends raconter sans cesse tant de merveilles, et j’y séjournerai pendant quelque temps.

— Dites-vous vrai ! s’écria vivement Julian ; me le promettez-vous sérieusement ?

— Sur l’honneur ! oui, mon ami ; peut-être ferai-je ce voyage plus tôt que vous ne le supposez.

— Bien ! alors je puis y compter !

— Je vous ai donné ma parole ; vous me rendrez à Paris l’hospitalité que j’ai été si heureux de vous offrir dans l’Arizona.

— Pas aussi somptueuse, mon ami, dit Julian gaiement, mais de tout cœur.

Les dernières paroles de l’haciendero, en faisant espérer une réunion prochaine et surtout certaine, dissipa en grande partie la tristesse des premiers adieux : on s’embrassa et on se pressa les mains une dernière fois, et à un signal donné par Julian on monta à cheval.

— Au revoir donc, mon ami, dit le chasseur ; je vous attends ; vous serez le bien venu et le bien reçu ; mais, je vous le répète, ne comptez pas sur une hospitalité comparable à celle que vous m’avez offerte.

— Bah ! qui sait ? dit l’haciendero avec un sourire énigmatique, en lui serrant une dernière fois la main.

On partit.

Le voyage se fit à petites journées.

Rien ne pressait les voyageurs, et, grâce à la nombreuse escorte du docteur, ils n’avaient à redouter aucun danger.

Julian et Denizà parlaient d’amour, la comtesse de Valenfleurs et le docteur causaient de leur retour en France, où ils avaient hâte de revenir, et qu’ils presseraient le plus possible.

Rien ne les retenait plus en Amérique.

Bernardo s’était fait le chevalier servant de Mariette, vers laquelle il se sentait irrésistiblement attiré.