Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Beaucoup, Mayor ; mais j’ai surtout un faible irrésistible pour l’or, répondit-il avec un rire narquois.

— C’est bien ; si tu découvres ce qu’elle vient faire ici et où elle va, je te donnerai cent onces.

— D’or ?

— Oui, murmura le Mayor d’une voix presque indistincte.

Et il retomba anéanti au fond de la litière.

— Caraï ! s’écria le matelot avec joie, cent onces d’or ! Je réussirai ou je perdrai mon nom.

Mais cet aimable Joan avait compté sans son hôte.

Lorsqu’il revint à Hermosillo, les voyageurs avaient depuis deux jours quitté la ville.

Il se rendit sans perdre une seconde à Guaymas ; l’avarice lui donnait des ailes.

Mais là une dernière et foudroyante déception l’attendait.

Depuis la veille la Belle-Adèle avait mis sous voiles et avait disparu en haute mer.

Dans le premier moment Joan fut atterré ; mais il reprit presqu’aussitot son sang-froid et sa liberté d’esprit.

C’était un garçon d’esprit et rempli de ressources.

Il retourna à Sonora, où il trouva le Mayor presque complètement guéri.

— As-tu réussi ? lui demanda le Mayor aussitôt qu’il l’aperçut.

— Parbleu ! répondit effrontément Jean, j’avais raison : les deux dames se sont embarquées pour le Havre à bord de la Belle-Adèle. Je suis resté à Guaymas tout exprès pour voir partir le navire et avoir la certitude que la personne que vous savez ne redescendrait pas à terre.

— C’est aussi ce que je supposais, répondit le Mayor ; voilà tes cent onces.

Nous avons mentionné ce dernier incident, parce que ce mensonge audacieux eut pour l’effronté Joan des conséquences dont celui-ci était bien loin de se douter, ainsi que bientôt le verra le lecteur.