Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/276

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parut s’enfoncer en terre et démasqua une large ouverture.

— Là, maintenant, voilà votre chemin, mes agneaux, dit en riant l’affreuse femme : la route est sûre mais étroite.

Le Loupeur s’approcha alors du puits, se pencha sur l’ouverture, démasqua l’âme de sa lanterne, et regarda attentivement pendant une ou deux minutes.

Une solide échelle de corde, tendue et raidie comme les haubans des mâts d’un navire, et solidement accrochée à deux anneaux scellés dans la muraille du puits, descendait à une profondeur que l’on ne pouvait pas calculer ; car elle se perdait, après quelques mètres, dans les ténèbres que la lumière assez faible de la lanterne était impuissante à combattre.

— C’est bien, dit froidement le Loupeur en accrochant tranquillement sa lanterne à la ceinture de cuir qui servait à retenir son pantalon ; c’est le chemin du ciel : il n’est pas agréable, mais, bah ! puisqu’il le faut, on le prendra tout de même, n’est-ce pas, Fil-en-Quatre ?

— Pardi ! la belle malice, répondit celui-ci, ça ne fera pas un pli ; mais tu te trompes, c’est plutôt le chemin de l’enfer puisqu’il s’enfonce en terre.

— Eh bien ! nous allons faire comme lui, dit gaîment le Loupeur en commençant à descendre.

— Eh ! là-bas, reprit en riant Fil-en-Quatre, ne partons pas les uns sans les autres, s’il vous plaît ! Bah ! après tout, il ne s’agit que d’une quarantaine de mètres tout au plus à descendre.

— Soixante-dix, dit la Marlouze.

— Alors, c’est un véritable voyage d’agrément, dit Fil-en-Quatre en ricanant ; bien des choses chez vous, et bonsoir à vos poules.

Et il suivit intrépidement le Loupeur, dont la lanterne n’apparaissait plus que comme un point brillant perdu au milieu des ténèbres.

Derrière les deux hommes, la margelle du puits reprit sa place, et la Marlouze rentra dans sa boutique, après