Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/277

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avoir donné l’ordre de rouvrir la porte de la rue que, par précaution, elle avait fait fermer.

Cependant, les deux bandits continuaient lentement leur descente.

Ces hommes devaient être doués d’une forte dose de courage, pour s’enfoncer ainsi dans un puits dont ils ignoraient presque la profondeur, sans savoir positivement ce qui les attendait en bas, et au risque de se rompre les os, au moindre faux pas.

Un air lourd et chaud les enveloppait et faisait ruisseler la sueur sur leurs visages.

Un silence de mort régnait autour d’eux.

Ils n’entendaient d’autre bruit que celui de leur respiration haletante.

Parfois ils s’arrêtaient pour reprendre haleine ; puis ils continuaient à descendre échelon par échelon.

Le Loupeur s’amusait à compter les échelons, soit pour tromper son impatience, car la descente durait déjà depuis près d’un quart d’heure, soit, ce qui est plus probable, afin de changer le cours de ses idées qui, on le comprendra, ne devaient être nullement couleur de rose.

Il comptait à voix haute pour renseigner son camarade.

Au deux-cent-huitième échelon, il dit en ricanant, suivant sa coutume :

— Nous devons approcher ?

— Il n’y a pas d’soin, répondit Fil-en-Quatre, à trois échelons par mètre, il en manque encore deux, si la vieille ne nous a pas trompés.

— Juste ! dit une grosse voix, en se mêlant à l’improviste à la conversation : encore deux et vous y êtes.

— Merci, dit le Loupeur en sautant à terre.

— J’ai bien l’honneur de vous souhaiter le bonsoir, cher monsieur, dit Fil-en-Quatre, en dessinant un salut de théâtre.

— Comment, bonsoir ? se récria le troisième interlocuteur ; il est à peine midi.

— Excusez-moi, monsieur, votre montre retarde, dit