Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/331

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— Je vous en supplie, Vanda, ne me donnez plus ce nom de frère.

— Vous me le défendez ?

— Non, je vous en prie !

— Ce nom vous semble donc bien odieux ?

— Non, chère Vanda, bien loin de là !

— Mais, alors ?

— Dans votre bouche, il me fait mal : appelez-moi Armand, comme moi je vous nomme Vanda.

— Vous ne m’aimez plus, Armand ?

— Moi ! s’écria-t-il avec une telle énergie, que son cheval fit un écart.

— Oui, reprit-elle avec tristesse, et moi pourtant je vous aime toujours.

— Oui, comme une sœur, répondit-il avec amertume.

La jeune fille rougit, baissa les yeux, détourna la tête et ne répondit pas.

Il y eut un assez long silence, pendant lequel les deux jeunes gens galopèrent un peu à l’aventure, et sans trop s’occuper de la direction qu’ils suivaient.

Ce fut Armand, qui, le premier, entama de nouveau la conservation.

— Vanda, dit-il, vous allez avoir seize ans ; vous êtes belle, oh ! bien belle ! de plus, vous êtes riche…

— Moi, je suis riche ? interrompit-elle vivement.

— Ne le savez-vous pas, chère enfant ? vous possédez plus de cent mille livres de rente.

— Que m’importe cette fortune !… dit-elle avec indifférence ; mais je ne vois pas d’où elle pourrait me venir ; vous vous raillez de moi, Armand.

— Dieu m’en garde ! chère Vanda ; vous la portiez avec vous lorsque je vous ai…

— Trouvée, dites le mot, mon ami, il ne saurait me blesser dans votre bouche, car il est vrai ; et peut-être, ajouta-t-elle plus bas, peut-être aurait-il mieux valu pour moi que je mourusse dans la savane.

— Vanda ! chère Vanda ! pouvez-vous parler ainsi ?

— Bah ! qui fait attention aux paroles d’une enfant ?