Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/334

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— Nous retournons à l’hôtel, répondit-il, y consentez-vous ?

— Oui, répondit-elle, notre promenade a assez duré.

— Le regrettez-vous donc, chère Vanda ?

— Non, Armand ; car, tôt ou tard, ce qui s’est passé entre nous aujourd’hui devait avoir lieu : une explication était indispensable, car nous n’aurions pas tardé à ne plus nous comprendre.

— Mais, maintenant, nous nous comprenons, n’est-ce pas ?

— Je l’espère, du moins, répondit-elle avec un charmant sourire.

Ils continuèrent à causer ainsi gaiement en galopant côte à côte.

Depuis quelques instants déjà, un cavalier galopait de l’autre côté de l’allée, presque en face d’eux, et suivant la même direction.

Ce cavalier était un homme de haute stature, déjà âgé, vêtu d’un élégant costume du matin, et montant une bête de grand prix.

Le visage de cet homme avait dû être fort beau ; il l’aurait même été encore, sans une énorme balafre, partant de la tempe gauche, et qui, après avoir creusé un profond sillon tout le long de la joue, allait se perdre dans sa barbe grisonnante, qu’il portait entière ; le haut de son visage était caché par les larges ailes d’un magnifique chapeau de Panama et ses yeux disparaissaient derrière un binocle qui les couvrait entièrement.

Cet homme paraissait appartenir au meilleur monde : il y avait dans toutes les allures de son corps une élégance innée, jointe à une certaine roideur de pose, qui dénotait au premier coup d’œil l’ancien officier de cavalerie.

Les deux jeunes gens, tout entiers à leur conversation, avaient à peine remarqué l’étranger, qui du reste ressemblait à un promeneur ordinaire, dont ils n’avaient pas à s’occuper.

Mais il n’en était pas de même de celui-ci.