Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/339

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jeunes gens avaient quitté le bois de Boulogne et avaient atteint la place de l’Arc-de-Triomphe.

Armand était inquiet.

Malgré la gaieté qu’il affectait, il craignait que l’inconnu ne les eût suivis dans le but de découvrir leur demeure, ce qui ne lui aurait plus laissé aucun doute sur l’identité de la jeune fille.

Mais ce fut en vain qu’en arrivant sur la place de l’Arc-de-Triomphe, il la fouilla du regard.

Il n’aperçut pas l’inconnu.

Tout à coup Vanda se tourna vers le jeune homme, et le regardant avec des yeux pétillants de malice :

— À propos, mon frère, lui dit-elle en riant, pourquoi donc, lorsque vous m’avez parlé devant cet étranger, m’avez-vous donné, au lieu du mien, le nom de Laure ?

— Par la raison toute simple, chère sœur, répondit-il sérieusement, que le nom d’une jeune fille telle que vous ne doit jamais, sous aucun prétexte, être profané publiquement par la bouche d’un inconnu, et que je ne voulais pas que les soupçons d’un étranger se changeassent en certitude ; d’autant plus que lui-même s’était obstinément refusé à se faire connaître.

— Tout cela est bien singulier, n’est-ce pas, mon frère ? murmura Vanda d’un air peu convaincu. Que pouvait donc me vouloir cet homme ?

— Je l’ignore complètement, chère sœur, je suis même presque certain que probablement lui-même n’en savait pas davantage ; comment pourrait-on deviner quelles étranges lubies passent à chaque instant dans la cervelle détraquée d’un fou ?

La tête de la charmante jeune fille travaillait évidemment.

Quoi qu’il lui dît, les réponses d’Armand ne la satisfaisaient pas ; elle comprenait vaguement qu’il essayait de lui donner le change sur ce qui s’était passé entre lui et l’inconnu.

Le jeune comte, de son côté, commençait à être assez embarrassé par toutes les questions de sa sœur, à laquelle il ne savait plus trop que répondre.