Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/340

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Mais, heureusement pour lui, bientôt ils atteignirent l’hôtel de Velenfleurs.

Le déjeuner allait sonner.

Vanda se hâta de mettre pied à terre, et elle s’envola légère comme un oiseau, pour se débarrasser de son amazone et passer une robe pour paraître au déjeuner, devoir sérieux, qui rendit au jeune comte sa liberté dont il avait grand besoin, car il était à bout d’arguments.

Le jeudi de chaque semaine, les d’Hérigoyen et la famille Zumela passaient la journée à l’hôtel Valenfleurs : c’était une coutume prise, et à laquelle personne ne manquait.

Souvent on se réunissait dès le matin à déjeuner, et l’on ne se séparait que le soir vers onze heures, et même minuit.

Le jeune comte se promit in petto de ne pas laisser échapper cette excellente occasion et de raconter, devant tous ceux que cela pourrait intéresser, la singulière rencontre qu’il avait faite le matin pendant sa promenade au bois de Boulogne.

Par un hasard singulier, dont le jeune homme se félicita, don Cristoval de Cardenas arriva quelques minutes avant que l’on se mit à table pour déjeuner.

Son fils l’accompagnait.

Don Pancho de Cardenas était alors un très beau cavalier de vingt-cinq à vingt-six ans, d’un brun doré, d’excellentes manières et d’une suprême élégance ; il était en grande faveur dans certains salons excentriques du demi-monde, qu’il fréquentait assez assidûment.

Après le déjeuner, les hommes firent quelques tours dans le parc, en causant et en fumant leur cigare.

Lorsque le jeune comte supposa que les promeneurs étaient complètement masqués par les charmilles et les massifs, il s’arrêta et les invitant d’un geste à l’écouter :

— Messieurs, leur dit-il, je vous demande pardon de venir jeter une note sombre dans notre réunion, mais je suis contraint de réclamer votre sérieuse attention pen-