Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/363

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Celui-ci lui rendit son salut, puis, à son tour, il vida son verre de vermouth, posa le Galignani’s Messenger sur le Times, paya le garçon et sortit.

Bientôt il aperçut son voisin de table traversant le jardin en biais, lentement, sans se presser, le cigare aux dents, en promeneur désœuvré qui n’a d’autre préoccupation que de respirer l’air à pleins poumons.

Julian le suivit à distance, et sans en avoir l’air.

L’autre ne se retourna pas une seule fois.

Tous deux s’engagèrent ainsi dans la galerie des Proues, et, à une demi-minute de distance, ils pénétrèrent dans la cour des Fontaines.

L’inconnu obliqua à gauche et entra dans une maison située à l’angle gauche de la cour.

Julian le suivit sans hésiter, et s’engagea dans un escalier assez raide et fort malpropre.

Il entendait au-dessus de lui les pas de l’inconnu qui montait sans se presser.

En atteignant le quatrième étage, Julian n’entendit plus le bruit sur lequel jusque-là il s’était guidé, mais il vit une porte ouverte précisément en face de lui sur le palier.

Julian s’arrêta devant cette porte, assez indécis, ne sachant pas s’il devait entrer ou continuer son ascension.

Mais heureusement une voix forte vint presque aussitôt mettre un terme à ses hésitations, en lui criant en anglais :

— Ayez bien soin de ne pas laisser la porte ouverte.

Il entra alors, ferma la porte, ainsi qu’on le lui avait recommandé, et après avoir traversé une espèce d’antichambre complètement dépourvue de meubles, il pénétra dans une assez belle pièce, confortablement meublée, et prenant air par deux larges fenêtres sur la cour des Fontaines.

Cette pièce ressemblait à la fois à un fumoir, à un cabinet de travail, à un atelier d’artiste, et à une chambre à coucher

C’était un pêle-mêle, un tohu-bohu sans nom des objets les plus disparates, placés çà et là sans ordre.