Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/366

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— C’était le bon temps ! celui-là, fit-il avec un soupir étouffé.

— Peut-être, mais pardon, est-on en sûreté ici ? Peut-on parler franchement ?

— Parfaitement ; mes précautions sont prises en conséquence ; ce pied-à-terre, où l’on me croit Américain, est à l’abri de tout espionnage, d’autant plus que je suis sous la protection de mon ambassadeur, vous savez que je suis naturalisé américain ?

— Oui, en effet, je crois me souvenir que vous m’avez dit quelque chose à ce sujet.

— Vous venez me parler du Mayor, n’est-ce pas ?

— Oui, est-il véritablement à Paris ?

— Oui, depuis deux ans ; mais ce n’est que hier que j’ai acquis la certitude qu’il est venu se jeter dans la gueule du loup. Je l’ai rencontré hier matin dans le bois de Boulogne.

— C’est donc vous qui lui avez crié son nom aux oreilles d’une façon si désagréable. Pourquoi diable avez-vous fait cela ?

— Pour être bien certain que je ne me trompais pas, en l’obligeant par surprise à tourner la tête de mon côté, ce qu’il n’a pas manqué de faire en entendant son nom.

— Vous avez eu tort, je ne reconnais pas là votre prudence.

— Pourquoi cela, je vous prie, monsieur ?

— Dam ! il me semble que si vous l’avez reconnu, il a pu très bien vous reconnaître aussi.

— Non, monsieur, je suis certain du contraire, voici pourquoi. Depuis quelques jours, je savais que le Mayor avait pris l’habitude de faire tous les matins, de bonne heure, une promenade au bois de Boulogne ; je voulais m’assurer que l’on ne m’avait pas trompé en m’annonçant sa présence à Paris, à laquelle je ne pouvais pas croire : malgré son audace, je ne pouvais m’imaginer qu’il oserait commettre une aussi grave imprudence. Je pris mes précautions pour ne pas être reconnu par lui, si le hasard nous mettait en présence : une perruque blonde,